Madagascar 2005

Publié le par blueness

Comment aurais-je pu ne pas parler de Madagascar?

Cela date de quelques années à présent mais il me reste quelques souvenirs impérissables.

A l'époque, étudiante en Master à Brest, je rêvais depuis longtemps de Madagascar, j'avais caressé l'espoir d'y faire un DEA de primatologie, malheureusement, ce projet n'a pas abouti. J'avais donc contacté l'ANGAP (Association Nationale de Gestion des Aires Protégées) à Madagascar qui m'avait alors proposé un projet ubuesque. Après maints remaniements nous sommes tombés d'accord sur une mission passionnante que j'ai moi même pompeusement nommée :

«  Étude des pressions ayant un impact négatif sur la Réserve de l’Ankarana par l’intermédiaire du réseau hydrographique »





Sans attendre ma convention, je quittais la France. En effet, si j'avais attendu ma convention, je ne serais jamais partie. Au départ je pensais partir seule à l'aventure tel ... un aventurier. Malheureusement ou heureusement ce ne fut pas le cas et notre petit quatuor partit fièrement à l'aventure ... en groupe.

Nous avions tous des sujets assez disparates et nous ne travaillions pas ensemble. Cependants nous vivions en communauté ... drôle de vie, avec tous ses avantages et ses quelques inconvénients.

Pour ceux qui seraient intéressés par la partie strictement professionnelle, voici un lien vers mon rapport de stage.  

Pour les autres voici quelques anecdotes et autres photos :



Nous sommes ici à Antsiranana, ou Diégo Suarez pour les intimes
Nous pouvions voir cette rue du haut de notre balcon lorsque nous étions en ville


Voilà mon bungalow chez Aurélien à 500m de la réserve de l'Ankarana.
Grand luxe
Je me souviens de tous ces bruits que j'entendais
Les gecchos qui couraient sur le mur ... A moins que ce ne soient des araignées
L'épisode du foussa (Cryptocropta ferox) qui avant  .. ou après avoir égorgé les poules du village a couru sur le toit de ma case. Ce n'est que le lendemain, lorsque j'ai dû me contenter d'un bol de riz agrémenté de quelques feuilles et 2 crevettes que j'ai compris ... Les poules ne sont pas à l'abri du danger dans ce pays.


Voici Bob (Phelsuma lineata), mon compagnon durant les journées d'inactivité.
Charmant n'est-ce pas ?
J'étais très triste de devoir le ... ou les quitter.


Et voici une leçon de blanc...
La Baie des Sakalava
Le paradis dites-vous ?
Oui, je confirme


Voici notre fine équipe
De gauche à droite : Matthieu, Abdou day, Hélène, moi et ... je ne sais pas.
Mais où est donc encore passé Christophe ?
Alors pour vous situer, nous revenions d'une cérémonie.
Une légende raconte que dans ce village, un jour est arrivé un voyageur qui voulait de l'eau.
Personne ne lui fit don ne serais-ce que d'un peu d'eau.
Le voyageur très couroucé qui était en fait un puissant "Dieu, sorcier, ancètre... je ne sais pas exactement"
Condamna le village tout entier, il le transforma en lac et tous ses habitants furent métamorphosés en crocodiles à l'exception de deux d'entre eux qui s'étaient alors absentés pour aller chercher du bois.
Il leur confia une mission. Ces hommes ainsi que tous leurs descendants auraient pour mission de nourrir les crocodiles du lac.
Nous avons donc assisté à ce rituel.
En passant je tiens à parler de cette coïncidence amusante qui a permis à ma petite personne originaire de Moselle, faisant ses études à Brest de me trouver voisine à Madagascar avec Abdou day, artiste Malgache vivant ... à Metz, en Moselle.


Ah et bien le voilà ! Et bien Christophe encore à la plage ?


Voici donc les anciens du village ... Crocodilus niloticus madagascariensis
Très impressionnants, mais doux comme des agneaux il paraît.


Deux lémurs couronnés ... En est-on bien sûr ?
Voici une histoire dont je ne suis pas très fière, mais je suis très encline à l'autodérision :
Voici donc mon premier jour de terrain dans la réserve de l'Ankarana (18000 Ha, à titre de renseignements)
Mon guide et moi parcourions la forêt sèche, et je découvrais ce jour l'immensité de la zone d'étude et ses caractéristiques particulières dont je parlerai plus bas.

Mon guide s'arrête soudain, un silence s'installe, un silence très lourd
Et là, sans prévenir, mon guide se met à crier, il hurle devrais-je dire
Paralysée d'effroi, je le dévisage et lui demande : "mais que faites-vous ?"
Pourquoi voudrait-on briser cette harmonie, serait-il fou ?
Il me répond qu'il veut faire fuir les phacochères
Je lui demande alors : "- y a t-il beaucoup de phacochères dans ces bois ?
- Oui et ils sont très dangereux !
- Pourquoi sont-ils dangereux ?
- Lorsqu'il y a des jeunes, les femelles sont très agressives et elles chargent !
- Sommes-nous à la saison des jeunes ?
- Il y a toujours des jeunes"
Le soir, seule dans ma case à écouter le bruit si caractéristique des engoulevents, je repensais aux paroles du vieil homme.
Il n'était pas si vieux mais j'ai pensé que cela sonnait mieux.
Le lendemain, après un petit déjeuner délicieusement copieux, agrémenté de miel sauvage et ... de pain ! sec, mais du pain tout de même !
Je me dirigeai, seule, vers l'entrée de la forêt à quelques deux kilomètres de ma case.
Sur le chemin, je pouvais apprécier cette impression de liberté et ...
Mais qu'entends-je ?
Des pas dans les fourrés.
Au bruit, il semblerait que l'animal responsable de ces pas soit assez grand... il semblerait également qu'il ait quatre pattes.
J'ai l'impression qu'il me suit.
Je me penche, j'essaie de percer de mes yeux le mur de broussailles.
Et je vois une ombre gigantesque!
Quel animal à quatre pattes peut-il y avoir dans les sous-bois de Madagascar ?
Un phacochère géant ? Je ne vois que cela.
mais ...
Fausse alerte, ce sont des zébus
Je m'enfonce donc à présent dans la forêt.
Il fait de plus en plus sombre, les toiles d'araignées sont de plus en plus nombreuses
Je respire, je regarde le mince ruban du chemin, seul repère qui peux me permettre de retrouver la sérénité de ma case.
Je continue à descendre au plus profond de la forêt.
C'est alors que : "GRONGRON GRUIIIIIC"
Ce n'est pas la peur qui d'un seul coup a retiré le sang de mon visage, plutôt, un profond respect pour la nature et ses hôtes.
Le silence a disparu à présent.
La forêt bruisse d'un million d'ailes et de feuilles
Il fait un peu froid tout à coup
Je décide d'avancer encore car je cherche à retrouver une source que m'avait indiquée mon guide la veille.
Quelques pas de plus et le cri reprend, et un autre lui répond
Je suis à présent convaincue, une horde de sangliers qui se reproduit à toute vitesse, que dis-je ! qui se clone arrive sur moi,
Je ralentis.
Les bruits de feuillages indiquent à coup sûr une querelle,
Et en plus ils sont en colère !
Je ralentis encore
Un cri de plus et je m'arrête,
Il fait vraiment trop noir,
Je ne suis plus sûre de la direction à prendre pour la source... Et puis je marche depuis longtemps...
Je fais demi-tour, c'est plus prudent... Et je n'ai plus beaucoup d'eau.
Bien sûr je ne cours pas, je marche vite,
Mais non!  je suis en train de passer à côté de mon premier phacochère !
Je ne vais pas partir d'ici sans l'avoir immortalisé !
Le bruit se rapproche à présent, ils vont très vite ...
Une clairière !
Je vais prendre une photo ! Bien cachée derrière un arbre.
Je me cache,
Le bruit s'intensifie,
c'est alors que "GRONGRON GRUIIIIIIC" ... juste au dessus de ma tête...

"UN PHACOCHERE VOLANT !" Oui, je l'avoue, ce fut la pensée qui, l'espace d'un instant traversa mon esprit...
Et bien non, ce cri affreux est poussé par ces adorables bestioles que sont les lémurs couronnés...

Il est un peu tard et je vais arrêter ici mon récit, à bientôt pour d'autres péripéties malgaches

Nes

Publié dans PARCOURS PERSONNEL

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article