Jean Marie Pelt et son dernier livre

Publié le par blueness



 

Les coups de gueule de Nes


Faisant suite à un  article paru dans l’express au sujet du nouveau livre de Jean Marie Pelt « La raison du plus faible » je m’insurge. Il y est écrit notamment, et j’imagine que tout ceci est tiré de l’ouvrage que je ne manquerai  pas de lire contrainte et forcée :


« Vous ne croyez pas à "la loi du plus fort" dans la nature ?

En tout cas il existe de nombreuses exceptions... Prenez le pissenlit: plus vous le piétinez, plus vous l'arrachez et plus il repousse! Les grands palmiers en revanche, très spectaculaires, sont fragiles, puisqu'ils n'ont qu'un bourgeon à leur sommet et qu'il suffit d'une forte tempête pour le décapiter. »

 

Cessez donc de vous acharner sur Darwin, cet homme est le précurseur de la théorie de l’évolution que nous estimons la plus juste aujourd’hui au vu de nos connaissances actuelles. Cet homme a élaboré ses théories dans les années 1840, depuis elles n’ont cessé d’être utilisées à bon ou à mauvais escient (j’y reviendrai). Tous ses termes ont été réinterprétés maintes et maintes fois. Pourtant, n’importe qui ayant lu « l’origine des espèces » saura que cet homme n’avait rien d’un grand écrivain, son style est lourd, ce qui n’enlève rien à ses compétences naturalistes, mais explique peut être les multiples interprétations de ses textes.

Lorsqu’il parle de la survie du plus fort, ce qui a longtemps été interprété textuellement, est en fait la survie du plus apte. Attention la théorie ne s’applique pas directement à l’individu mais il s’agit de la notion de survie de l’espèce.  Cette théorie est généralement admise depuis plus de 20 ans ! Et on comprend alors que le fait de multiplier ses capacités de reproductions en cas d’attaque comme pour le pissenlit est une formidable adaptation qui fait du pissenlit une espèce "forte" dans l'environnement qui est le sien actuellement. De plus les avancées en génétique que nous avons connues qui certes sont apportées par Mendel, contemporain de Darwin, ne seront véritablement prises en compte que dans les années 1920. De ce fait les théories telles que celle du gène égoïste de Dawkins, que je ne partage pas nécessairement, mais qui ont joué un rôle déterminant dans la culture scientifique n’existent pas encore. Il faut replacer chaque découverte dans un contexte culturel. Dans son esprit l’évolution est presque continue, les plus forts se reproduisent et donnent naissance à des plus forts encore. Actuellement la théorie qui prévaut est celle des équilibres ponctués, il existe un pool génétique dans une population donnée et ce pool génétique contient une multitude de variations qui pourront éventuellement permettre à l’espèce de survivre en cas de changement significatif de son écosystème. Je simplifie énormément. Dans tous les cas, s’il n’y avait pas eu de Darwin ou d’hommes de ce type, nous n’en serions certainement pas là ou nous en sommes.


Je me pose donc la question, à quoi sert-il d’enfoncer une théorie que nous savons tous partiellement inexacte mais que nous reconnaissons tous comme étant essentielle ?


Il est également écrit :


« Vos observations sont-elles applicables à la société actuelle?

Je fais au moins ce constat: le capitalisme qui privilégie le gigantisme (multinationales, fusions-acquisitions etc.) est aujourd'hui en crise, tandis que les micro projets, fondés sur la solidarité et la complémentarité, sont promis à un bel avenir. "Small is beautiful" comme disent nos amis anglo-saxons. »


L’histoire ne vous a donc rien appris ?


Il est internationalement reconnu que les propos de Darwin, pour revenir à lui, on été déformé et utilisés à des fins politiques, économiques et sociales. Pour mémoire ses théories ont été un moteur aux mouvements eugénistes populaires dans de nombreux pays jusqu’à l’explosion du nazisme qui leur a été fatale.  Du tout et du n’importe quoi semble avoir été inspiré de la « loi du plus fort » ou de la « survie du plus apte » puisque l’économie du laisser-faire, le colonialisme, le racisme et l’impérialisme s’en sont servi de  la fin du XIXe siècle jusqu’au début du XXe pour se justifier.


Si la science est indissociable de la culture elle ne doit pas en être un instrument. C’est la culture et l’histoire qui façonnent la science. Celle-ci nous aide à progresser dans beaucoup de domaines même s’il est vrai que souvent les sciences dites « dures » (mathématiques, physiques) trouvent des applications techniques dont les utilisations peuvent être à double tranchant et je ne reviendrai pas sur le nucléaire. Cela ne devrait pas être le cas des sciences telles que l’écologie, la biologie (dans ce cas je serais tentée de ranger la génétique dans les sciences dures mais c’est un autre débat). L’élaboration d’une théorie de l’évolution par exemple, se base sur ce que nous connaissons pour savoir quel est le fonctionnement de la nature. Je ne vois pas ce que la société vient faire ici.


Vous pouvez lire l'article de l'express sur le lien suivant : ICI

Publié dans COUP DE GUEULE

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D
Bonjour Nes et Bienvenue dans ma communauté"Le champ du monde". (Un forum est à votre disposition, consultez la charte de celui-ci). Je voudrais profiter de ce contact pour rappeler que les sujets"politique" et "adulte" seront exclus. Cette parenthèse faite je vous présente à nouveau  mes vœux de bienvenue et vous accepte avec un très grand plaisir. A + tard .Dracip27<br /> C'est pas "jeune", mais c'est beau, je vous l'offre comme cadeau de bienvenue: http://fr.youtube.com/watch?v=r5XnDJVvahU
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